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Ovillers LA VOIX DU NORD du dimanche 21 avril 2002 (éditions d'Avesnes, Maubeuge et Cambrai) par
Géraldine BEYS
Il est des situations qui tiennent du cocasse. Celle d’Ovillers
est à mettre au compte des bizarreries de la géographie, de l’histoire
ou plus simplement d’un découpage administratif si lointain dans
le temps, que même les habitants de ce charmant hameau ne se souviennent
plus depuis quand il est coupé en deux. Non pas par une autoroute,
qui le dénaturerait, mais par une ligne de démarcation administrative,
qui veut que les trois quarts de la commune soient rattachés à Solesmes
(Cambrésis) et le quart restant à Forest-en-Cambrésis (Avesnois).
Bigre ! Même le maire de Forest, incollable sur l’histoire de son patelin, ne sait pas dire depuis quand c'est ainsi. De mémoire de maire... Peut-être depuis toujours. La copieuse monographie de l’abbé Poulet publiée en 1905 n’en livre pas le secret. Alors dimanche, « Les Ovillers Solesmes », comme on les appelle, soit 109 électeurs inscrits (30 de plus si l’on compte le hameau d’Amerval) iront voter à l’école d’Ovillers et les « Ovillers Forest » (24 électeurs pour 30 habitants) iront, eux, à la mairie de Forest. Ainsi arrive-t-il fréquemment qu’un père ne vote pas au même endroit que sa fille, même si elle habite à deux pas. Et s’il n’y avait que cela ! Car un hameau à cheval sur deux arrondissements, c’est forcément un patelin qui se retrouve assis entre deux chaises. Ecartelé, en somme. « Les Ovillers Forest » veulent-ils établir une carte d'identité ? Ils devront monter jusqu’à Avesnes-sur-Helpe. C’est bien joli une petite trentaine de kilomètres à travers le bocage, mais quand on peut s’en passer… Surtout que Solesmes est toute proche. « Les Ovillers Solesmes », eux, ne revendiquent pas leur appartenance à la ville de l’école Saint-Michel, lorsque sonne l’heure de payer la taxe d'habitation, plus chère forcément à Solesmes, vu que c’est une plus grosse commune. La Croisette, un autre cas... Autre réalité tout aussi surprenante : celle de la Croisette, un lieu-dit où deux maisons (sur quatre), plus proches de Forest que de Solesmes, dépendent néanmoins de Solesmes. Allez donc savoir pourquoi. A Ovillers, il n’y a ni maire, ni mairie. Serge Machepy, le maire de Solesmes, et Maurice Saniez, son homologue de Forest, cogèrent le quotidien. Avec souvent une belle réussite comme la réfection des trottoirs, l’assainissement, le bordurage, le réseau de distribution d’eau, derniers exemples en date. Les deux édiles sont parvenus à se mettre d’accord pour que de part et d’autre, cela soit la même chose. Ainsi la ligne de démarcation, si elle reste inscrite sur le papier, ne laisse aucune trace dans le paysage. Ce n’est déjà pas si mal...
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